Dans cet article j’ai envie de t’expliquer quelle est, selon moi, la différence entre un architecte, un architecte d’intérieur et une décoratrice d’intérieur. C’est une question que mes élèves me posent régulièrement et je me dis que tu es peut-être dans ce cas-là. En effet, ce n’est pas toujours facile de distinguer ces 3 métiers, car la frontière est floue et les compétences de chacun peuvent s’imbriquer sur un même projet. Tu as peut-être cherché la définition de ces termes, et tu en comprends le sens, mais dans la pratique réelle du métier, qu’en est-il vraiment ? Comment gérer ta mission de décoratrice d’intérieur et savoir ce qui relève vraiment de tes compétences ou pas lorsque tu entames un projet ? Comment définir clairement ce que tu es habilitée à faire ? Prête à découvrir quelle est la différence entre un architecte, un architecte d’intérieur et une décoratrice d’intérieur ? C’est parti.
Comment faire la différence entre un architecte, un architecte d’intérieur et une décoratrice d’intérieur ?
Petit disclaimer avant même de commencer la lecture. La réponse que je vais t’apporter n’est pas une vérité absolue. J’ai moi-même déjà fait la confusion entre les trois. Pour une raison simple : la frontière entre ces professions est assez fine.
Je vais simplement te dire comment, à titre personnel, je perçois ces différents métiers, comment je procède et ce que cela induit dans ma pratique du métier de décoratrice depuis 12 ans. Cela t’aidera, je l’espère, à y voir plus clair sur les contours de ton métier de décoratrice d’intérieur et sur tes missions à toi.
Quelles sont les missions d’un architecte ?
Le métier d’architecte est réglementé. Pour pouvoir exercer, il est nécessaire d’avoir obtenu un diplôme d’état (DE).
L’architecte gère le bâtiment dans sa globalité. Il est responsable de la conception architecturale et de tous les aspects techniques et structurels du projet :
- en construction
- en rénovation (pour des extensions, par exemple).
Il est possible (ce n’est pas toujours le cas) qu’il ait également la compétence de maître d’œuvre du projet. Dans ce cas-là, c’est lui qui s’occupe du suivi de chantier. Le chantier et son avancement sont sous sa responsabilité légale : il prend à sa charge les assurances et les garanties décennales pour s’assurer que tout va bien.
Les contours du métier d’architecte
L’architecte s’occupe des agencements d’espace. Il va entre autres :
- penser à la circulation entre les pièces,
- gérer le cloisonnement et les ouvertures,
- étudier comment faire rentrer la lumière naturelle dans la pièce,
- se préoccuper des matériaux,
- se questionner sur tous les choix des systèmes de chauffage, de ventilation, etc.
Il est clairement au premier plan de tous les aspects techniques.
C’est également lui qui élabore pour les projets :
- Les plans,
- Les notices descriptives,
- Le cahier des charges,
- L’estimation financière,
- Le planning de travaux.
Tu l’as bien compris, l’architecte c’est celui qui vient en amont de tous projets de construction, de rénovation et d’extension.
On ne peut pas faire sans lui. C’est lui qui a les compétences indispensables pour que tout se passe bien.
Un architecte d’intérieur, c’est quoi ?
Contrairement au métier d’architecte, l’architecture d’intérieur n’est pas réglementée. Aucun diplôme reconnu par l’état n’est obligatoire.
Cependant, dans l’ensemble, beaucoup d’architectes d’intérieur ont un diplôme qui atteste de leurs connaissances et compétences techniques (pouvant aller du bac +2 avec un BTS en design d’espace, à un master dans des écoles d’art en bac +5).
Les compétences de l’architecte d’intérieur
L’architecte d’intérieur est autorisé à gérer un bâtiment, mais pas au même niveau que l’architecte. Il travaille uniquement sur l’intérieur d’un logement.
Il ne peut pas toucher à la structure même du bâtiment. Et il n’a ni les compétences, ni les autorisations pour gérer la construction d’un bâtiment tout seul.
En revanche, il peut concevoir des espaces d’aménagement intérieur, gérer les espaces, la circulation, les matériaux. Il peut également aller plus loin que l’architecte dans la conception du mobilier, des éclairages, des couleurs, des matières, des volumes.
Personnellement, je trouve que c’est dans cette partie-là, que les architectes d’intérieur sont très forts en général. Ils sont souvent très doués dans la gestion des volumes. À mon sens, ils ont une vision et une approche des volumes que n’ont pas de façon aussi pointue les décoratrices d’intérieur.
Leur approche du client est très humaine (parfois plus que les architectes). Encore une fois, c’est mon ressenti, ce n’est pas une vérité ultime. J’ai rencontré beaucoup d’architectes qui sont évidemment très bons et experts dans leur domaine de compétences techniques, mais qui ont parfois tendance à oublier un peu le client.
Contrairement à l’architecte d’intérieur ou la décoratrice d’intérieur pour lesquels le client est au centre.
- Comment vit-il ?
- Qui est-il ?
- Qui va vivre dans cette maison ?
- Comment leur apporter du bien-être ?
D’ailleurs bien souvent, leurs choix de matériaux sont plus dictés par la notion de confort, de chaleur et de cocooning.
Dernier point sur cette profession. L’architecte d’intérieur peut être amené à se faire aider par un bureau technique. En effet, même s’il est meilleur en compétences techniques qu’une décoratrice d’intérieur, ses compétences sont quand même moins techniques que celles de l’architecte. C’est un entre-deux.
Qu’est-ce qu’une décoratrice d’intérieur ?
Y a-t-il un diplôme de décoratrice ?
Le métier de décoratrice d’intérieur n’est pas réglementé, lui non plus. Il n’existe pas de diplôme de décoratrice. Cela veut dire qu’en théorie, n’importe qui peut se déclarer décoratrice d’intérieur. Votre voisine peut s’autoproclamer décoratrice d’intérieur simplement parce que son salon est joli, de façon tout à fait légale. Il n’y a pas de réglementation qui le lui interdise.
Une école qui vous promet un diplôme à la fin, ne dit pas la vérité. Elle peut vous donner une certification, bien sûr, mais pas de diplôme reconnu par l’Etat en tant que tel.
Par exemple, lorsque mes élèves terminent ma formation « Bonjour ma nouvelle vie », je leur délivre une attestation de suivi de formation. Sachez, cependant que cela n’a pas de valeur si on la compare à un diplôme d’architecte ou un BTS tous deux reconnus par l’Etat. Il faut en être conscient. Ce qui n’enlève en rien les compétences techniques acquises. 😊
Les missions d’une décoratrice
La décoratrice d’intérieur intervient en général sur des espaces déjà préparés par un architecte ou un architecte d’intérieur.
Elle joue un rôle de conseil sur la façon d’aménager et de décorer et apporte la touche d’esthétisme dans le projet : le style, l’ambiance et l’harmonie visuelle
Tout comme l’architecte d’intérieur, elle va concevoir des espaces d’aménagement et travailler, les matériaux, le mobilier, les couleurs, les luminaires, les tissus, les matières, les accessoires, etc.
En revanche, la différence principale entre une décoratrice d’intérieur et un architecte d’intérieur se trouve dans l’étendue de ses compétences et de ses responsabilités dans la conception et l’aménagement des espaces.
D’ailleurs, si tu veux découvrir à quoi ressemble le quotidien d’une décoratrice et en quoi consiste ses missions, je t’invite à lire mon article de blog : la semaine type d’une décoratrice d’intérieur.
Ce que la décoratrice n’est pas habilitée à faire
Il y a des aspects techniques que je ne fais pas en tant que décoratrice, car je ne suis pas habilitée à le faire. Et c’est là-dessus que j’aimerais développer pour ce soit plus clair pour toi aussi.
Une décoratrice d’intérieur ne fait pas de plans
Bien sûr, je sais faire des plans. Cela fait 12 ans que j’en fais pour mes clients et que j’apprends à mes élèves à en faire.
Mais la différence, c’est que je ne les signe pas. Ils n’ont aucune valeur contractuelle. Ils sont là uniquement pour aider le client à se projeter dans l’espace, pour valider un conseil que je lui ai donné (s’il y a besoin d’abattre une cloison ou de faire un changement dans la structure). C’est à titre purement consultatif.
Si une action nécessite de toucher à la structure du bâtiment, ce n’est pas moi qui suis en mesure de prendre cette responsabilité. Je n’en ai pas l’expertise tout simplement. Dans ces cas-là, je peux faire appel à un architecte, un ingénieur statique ou une entreprise de construction qui auront toutes ses compétences là.
Idem, lorsqu’il s’agit de concevoir une cuisine. Je sais concevoir une cuisine, mais ce n’est pas moi qui vais faire le plan de la cuisine. C’est toujours le cuisiniste qui prendra cette responsabilité.
Ou encore, si je veux construire une bibliothèque sur mesure. Je peux faire un dessin pour mon client, mais il n’aura pas de valeur contractuelle. Il sera là pour servir de base à la construction. In fine, c’est toujours le menuisier qui reviendra pour prendre ses cotes et valider mon travail, et bien souvent le modifier pour qu’il soit encore plus précis.
C’est un travail main dans la main qui fait que ça fonctionne bien. Je ne me donne pas une responsabilité que je ne saurais pas assumer en cas de problème
Une décoratrice n’assure pas le suivi de chantier
Là, encore, il faut que je fasse une petite précision. Oui, je fais du suivi de chantier, mais il s’agit d’un suivi esthétique du chantier.
Je vais vérifier ;
- que le peintre a bien mis la couleur sur le bon mur,
- qu’il a respecté la consigne de faire un soubassement jusqu’à 1 m pour le mur,
- qu’il a bien mis le papier peint là où je voulais,
- que le parquet a bien été posé dans le sens que j’avais imaginé…
En revanche, ce n’est pas moi qui vais aller vérifier l’étanchéité de la douche, surveiller le travail de l’électricien (la sortie des fils pour les appliques, oui, mais que l’électricité fonctionne bien derrière, ce n’est pas mon rôle). L’architecte ou l’architecte intérieur sauront le faire et se donneront cette autorisation.
En quoi est-ce si important de bien comprendre les limites de tes compétences en tant que décoratrice ? Car en cas de problème, c’est toi qui portes la responsabilité.
Savoir poser ses limites et comprendre ses responsabilités
Personnellement, en tant que décoratrice d’intérieur, je n’ai pas de garantie décennale. C’est un choix. Je pense que c’est pas nécessaire à partir du moment où l’on sait s’arrêter et passer le relais à un expert.
Il n’y a pas de honte à connaître ses limites dans son travail. À savoir dire, je passe la main parce que là, je ne suis plus sûre de moi à 100 %.
J’ai toujours été très claire et honnête avec mes clients à ce sujet. Cela fait même partie de mes conditions générales de vente.
D’ailleurs, en 12 ans, cela ne m’est jamais arrivé qu’un client me reproche quoi que ce soit lié à un sujet de chantier. Il peut me reprocher le choix d’une couleur ou d’un papier peint, vu que c’est mon domaine de talent, j’en assumerai la responsabilité.
En revanche, pour tout ce qui ne relève pas de mes compétences de décoratrice, je passe la main et la responsabilité à un expert.
L’interaction entre ces 3 métiers
Tu l’as compris la frontière des 3 métiers est quand même assez floue. Cela peut engendrer une certaine perméabilité d’un métier à l’autre.
Tu verras que tous les types de profils existent :
- Tu vas peut-être rencontrer des architectes qui sont à fond dans la technique et qui détestent tout ce qui aménagement. De ce fait, il passeront le relais très volontiers à un architecte ou décoratrice d’intérieur.
- À l’inverse, il y a des architectes qui sont très sensibles à l’aménagement. Ils sont très doués dans le choix des matériaux et très à l’écoute de leurs clients.
- Il y a également des décoratrices, dont je fais partie, qui sont très orientées agencement intérieur. J’adore faire des planches, concevoir des plans d’électricité. Je pense que je suis plutôt bonne pour concevoir l’électricité, parce que j’ai l’éclairage en tête et je sais comment mon client va vivre. Avec toujours cette notion que mes plans ne sont là qu’à titre consultatif, ils n’ont pas de valeur contractuelle.
Voilà j’espère que toutes ces informations t’auront été utiles pour comprendre la différence entre un architecte, un architecte d’intérieur et une décoratrice d’intérieur. Et surtout de saisir quelle est la responsabilité de chacun.
Ce sont des professions très complémentaires, parfois en concurrence, mais ce n’est pas grave d’être en concurrence. Cela offre plein de possibilités aux clients dans son choix, et puis, toi potentiellement cela te permet de te démarquer, parce que tu es unique tout simplement.
Si tu as envie d’écouter la version podcast sur la même thématique, clique sur le lien suivant, épisode #51.
Pour toute autre question ou renseignement concernant mes formations Bonjour ma nouvelle vie, prends contact avec moi, je serais enchantée de te répondre.