Aujourd’hui, j’ai envie d’aborder un sujet un peu plus léger et un peu plus fun par rapport au métier de décoratrice. J’aimerais partager avec toi 5 anecdotes qui me sont arrivées et m’ont fait réfléchir et évoluer dans mon métier. Certaines sont insolites, d’autres drôles, ou encore gênantes … mais, elles me sont toutes arrivées pour de vrai, avec de vrais clients.
Toutes les décoratrices vivent des situations un peu inédites au cours de leur carrière et j’ai envie de partager mon expérience avec toi, parce que tu seras probablement, toi aussi, confrontée à des collaborations qui ne se déroulent pas comme tu l’avais imaginé.
J’espère même que ce que je te raconte te sera utile et t’aidera à dédramatiser et à en tirer des enseignements précieux. Voici donc 5 anecdotes qui me sont arrivées en tant que décoratrice…et les leçons que j’en ai tirées.
Prête ?
Anecdote n°1 : Passer complètement à côté de la demande du client
Cette anecdote m’est arrivée à mes tout débuts en tant que décoratrice. Une cliente me contacte pour concevoir la décoration de son appartement. Dès le début de la visite, je me souviens m’être dit « c’est une cliente un peu extravertie, qui a l’air très sûre d’elle, en apparence en tout cas ».
La visite démarre de façon tout à fait classique. Elle m’explique ses besoins, sa façon de travailler, ses attentes… jusque-là rien de particulier. Puis, on arrive dans sa chambre à coucher et là, elle me dit : « Alors là, c’est très simple. Je veux une chambre dans laquelle on a juste envie de faire l’amour dès qu’on y entre. »
Je t’avoue que j’étais un peu déconcertée, avec une très grosse envie de rire ! Mais, je n’ai rien montré car la demande était hyper sérieuse. Je suis donc rentrée travailler sur ce projet.
Le plus gros flop de ma carrière
Mon idée, c’était de lui proposer une chambre dans des tonalités de violet. J’avais lu dans le livre de Jean-Gabriel Causse, L’Etonnant pouvoir des couleurs, que les couples qui faisaient le plus l’amour avaient cette couleur dans leur chambre. J’étais trop fière de moi, de mes connaissances en tant que coloriste, J’étais sûre de mon choix et d’avoir une proposition très créative… En plus, j’avais déniché un super papier peint, de beaux rideaux, bref, je me disais que j’avais touché dans le mille.
Je retrouve la cliente pour lui présenter le projet quelques semaines plus tard, et là… le flop total ! Je vois son regard horrifié par ma planche d’ambiance. Elle me dit instantanément : « mais vous êtes folle ? Le violet, c’est la couleur de la mort. » La douche froide…Elle n’aimait pas du tout.
Je ne savais pas qu’elle avait vécu pendant des années en Asie, et que dans son référentiel à elle, le violet c’était la couleur du deuil. Inutile de te dire que ça a été le plus gros ratage de ma vie de décoratrice. Evidemment, j’ai dû revoir complètement ma copie.
Bien cerner ses clients
La leçon à tirer de cette anecdote un peu surprenante, c’est à quel point il est important de bien connaître ses clients et de bien cerner leurs besoins pour un projet déco. Il est indispensable de poser les bonnes questions, de bien comprendre qui ils sont, quelle est leur vie, sans tirer de conclusions trop hâtives en pensant avoir tout compris. Je te conseille vraiment de prendre ton temps lors du 1er rendez-vous pour éviter par la suite d’être complètement à côté de la plaque.
Anecdote n°2 : Le client m’a fait une proposition particulière
Cette 2e anecdote m’est arrivée lorsque je vivais en Islande. J’ai plutôt bien réagi, parce que j’avais un déjà peu plus d’expérience, et puis aussi parce qu’au final, c’était plutôt comique comme situation.
J’avais reçu une demande pour aménager un restaurant indien en plein cœur de Reykjavik. C’était un super projet dans une rue passante, avec une super visibilité.
En plus de cela, nos meilleurs amis en Islande étaient d’origine indienne, donc j’étais ultra motivée et enthousiaste à l’idée de faire une déco dans cette inspiration-là.
Il y avait un énorme travail à faire niveau déco car il s’agissait d’un ancien fast-food.
Les signaux d’alerte d’une collaboration bancale
Quand je repense maintenant à nos échanges, cela aurait dû immédiatement me mettre la puce à l’oreille. Dès le début, ça partait mal.
Première alerte, le client m’a demandé si je travaillais avec… Amazon 😊. Là, je me suis dit : « comment lui dire que non, pas vraiment, ce n’est pas tout à fait mon style ».
Deuxième red flag : il m’annonce qu’il n’a pas beaucoup de budget.
Mais tiens-toi bien, le plus beau, la cerise sur le gâteau, c’est la fin. Il m’a proposé de me payer en nature ! Oui, tu ne rêves pas. Sa proposition c’était de régler mes prestations de plusieurs milliers d’euros en Tikka Masala et en riz ! 😊 C’était ça son concept.
J’étais hallucinée. Rien que d’y penser, ça me fait vraiment rire tellement c’était complètement décalé comme proposition.
Savoir dire non et mettre des limites
Je lui ai dit que même si j’adorais la cuisine indienne, je préférais les moyens de paiement un petit peu plus conventionnels. Bien évidemment, je n’ai pas accepté la mission. Cet exemple est flagrant, personne n’aurait dit oui. Mais, c’est pour te montrer que dans certaines situations, il est nécessaire d’apprendre à dire non. Surtout si ton intuition profonde te dit que la collaboration ne va pas te convenir. Ecoute toi ! C’est primordial.
Anecdote n°3 : J’ai accepté d’être payée en nature
Alors oui, je sais. Je viens de te dire que j’avais refusé un projet payé en nature. Et c’est ce que je fais toujours…sauf sur ce projet là et tu vas comprendre. 😊
Ne t’imagine pas des choses mal placées, ce n’est pas du tout ça !
Ce sont des clients qui m’ont appelée pour refaire leur salon. J’arrive chez eux, on discute, et là le client me montre le fond du salon et me dit : « vous reconnaissez le canapé qui est là-bas ? ». Je réponds : « oui, je pense que c’est un canapé de Le Corbusier ».
En fait, ce canapé c’était la niche du chien. Le cuir noir était déchiqueté, dans un très sale état, il y avait des poils partout. Il était dans un coin complètement à l’abandon.
Il m’explique qu’il a travaillé dans une grande banque du Luxembourg, et qu’à un moment, tout leur mobilier venait de Le Corbusier. Lorsqu’il est parti de la banque, il a eu le droit de récupérer certains meubles, dont ce canapé.
Une occasion unique à saisir
Voyant que ça me plaisait, on a passé un accord avec ces clients. Ils m’ont offert le canapé que j’ai retapissé et complètement modifié. En échange, je ne leur ai pas fait payer ma prestation de conseil.
C’est la seul et unique fois où j’ai accepté d’être payée en nature, mais franchement, un canapé Le Corbusier, c’est plutôt la classe et l’occasion ne se présente pas tous les jours !
Anecdote n°4 : Faire face à un client malhonnête
L’anecdote qui vient est un petit peu moins rigolote. J’ai malheureusement dû faire face à un client ouvertement malhonnête. Cette histoire-là, je te la raconte parce qu’elle m’est arrivée alors que pourtant, je n’étais pas jeune décoratrice.
Je t’en parle pour t’éviter peut-être que cela t’arrive aussi. Cela fait partie des erreurs que j’ai faites en tant que décoratrice et qui m’ont marquée. C’est un client que je connaissais bien. Il était dirigeant d’un grand magasin de cheminée au Luxembourg.
Il m’a contactée, car il souhaitait aménager son Penthouse dans un quartier hyper chic de Luxembourg-ville. On avait déjà bossé ensemble à plusieurs reprises. Il avait fait la cheminée de ma maison, et puis, on avait travaillé sur des projets clients, donc je n’étais pas du tout méfiante.
Et puis, sans rentrer dans le détail, ce qui m’a fait baisser ma garde, c’est qu’il traversait une période très difficile de sa vie, avec un drame, donc j’étais plus en mode « je vais l’aider » que « je vais me méfier ».
Travailler sans garantie
J’ai donc commencé à bosser sur son projet sans acompte. J’avais quand même fait un devis qu’il avait accepté oralement évidemment, mais rien à l’écrit ou en tout cas de formel.
Je lui ai présenté des idées et fait plusieurs propositions. J’avais même déjà fait intervenir des artisans sur le projet. De mémoire, on avait eu un ou deux rendez-vous ensemble. Le projet était bien avancé.
Puis un jour, il me dit que sa copine n’est pas du tout à l’aise avec ma présence et qu’il préfère qu’on arrête le projet. Aucun souci, ce sont des choses qui peuvent arriver. Je comprends très bien, pas de jugement.
En revanche, je lui dis que je vais lui envoyer la facture pour le paiement du début de mon travail. Je me dis que l’acompte sera probablement suffisant pour couvrir le travail que j’ai réalisé jusque -là.
La bataille pour récupérer l’argent
C’est là que les ennuis ont commencé. Il ne m’a pas fait de virement comme convenu. Il a toujours trouvé des excuses pour me faire patienter.
Au début, il m’a dit qu’il allait me payer en cash (ce que je n’aime pas trop) et qu’il donnerait l’argent au peintre sur le chantier. Evidemment je n’ai rien reçu de sa part.
Ensuite, Il m’a proposé de passer le voir sur un salon où il exposait pour me donner l’argent. Je m’y suis rendue, il n’avait pas l’argent sur lui. J’ai commencé à devenir folle et à lui exprimer très ouvertement mon mécontentement. Il m’a dit de passer à son magasin qu’il me paierait.
Effectivement, lorsque je suis passée au magasin, il m’a remis une enveloppe avec l’argent. Mais, une fois arrivée dans ma voiture, je recompte les billets et il me manquait 50 euros. Il avait volontairement fait exprès d’enlever 50 € du montant, hyper mesquin. Je sais que j’ai repris mon téléphone, hystérique, et qu’il m’a promis qu’il me les donnerait une autre fois…bref, je ne les ai jamais vus !
J’ai préféré laisser tomber. J’ai choisi ma santé mentale, mais c’était insupportable pour moi. Je ne te cache pas que ça m’a empêchée de dormir la nuit. Je me suis retrouvée face à des émotions hyper négatives et de remise en cause.
Ne jamais présumer de l’honnêteté des gens
Je me suis beaucoup questionnée. Je m’en suis beaucoup voulu de m’être laissée amadouer. Ce n’est vraiment pas quelque chose d’agréable à gérer, c’est même assez perturbant.
Donc, la leçon à tirer de tout cela c’est : ne fais jamais confiance, ne baisse jamais ta garde. Il y a des gens qui savent jouer sur la corde sensible. Evidemment, je ne parle pas de se méfier de nos amis intimes, mais pour le reste, reste bien fidèle aux 50 % d’acompte. Malgré tout, tu couvres beaucoup de choses grâce à cet acompte.
Anecdote n°5 : Le projet s’est arrêté en plein milieu
Cette fois-ci, il n’y avait pas de malhonnêteté de la part du client. Parfois, les projets s’arrêtent sans qu’on sache trop pourquoi, et sans qu’on l’ait vu venir. Honnêtement, ça m’est arrivé quelques fois. C’est courant, et ça arrive à toutes les décoratrices. Cela t’arrivera sûrement aussi.
Ce qu’il faut bien avoir en tête et comprendre, c’est que les clients ont leur vie, et elle est plus ou moins stable. Parfois en cours de route, ils changent d’avis par rapport au projet. Ils revoient leur priorité. Bref, il y a plein de raisons qui leur appartiennent et qui font que le projet s’arrête.
Cette fois-là, le projet s’est arrêté à cause d’un déséquilibre dans le couple du client.
Une situation très embarrassante
Il était adorable, hyper motivé, vraiment investi dans le projet. En revanche, sa femme était beaucoup moins enthousiaste par ma présence. Au point qu’une fois, je suis arrivée au rendez-vous. Lui n’était pas encore là. Elle m’a tout juste dit bonjour, et elle est retournée s’asseoir devant son ordinateur et m’a tourné le dos jusqu’à ce qu’il arrive.
Gros moment de solitude…
Le rendez-vous a été pénible. Ils n’étaient jamais d’accord. Elle critiquait tout. Elle le critiquait lui ou donnait systématiquement un avis contraire au sien… bref ce n’était vraiment pas simple.
Quelques jours après, il m’a appelée pour s’excuser et me dire qu’on allait arrêter le projet. Quel soulagement ! Je n’avais aucune envie de continuer avec de telles tensions au sein du couple.
A quoi tient la réussite d’un projet ?
Bilan de tout ça ? Si une collaboration professionnelle ne se passe pas bien, ce n’est pas forcément de ta faute. Tu n’es pas responsable de tout. Un projet, c’est un peu comme dans un couple. Il faut être deux pour que ça marche. Et il arrive que dans un couple décoratrice/client, on pense que ça va bien se passer, et puis finalement l’alchimie n’est pas au rendez-vous. On ne peut pas plaire à tout le monde. On ne peut pas résoudre toutes les situations, et c’est ok.
Les leçons à tirer des 5 anecdotes qui me sont arrivées en tant que décoratrice
J’espère que les 5 anecdotes qui me sont arrivées t’ont fait sourire, et que ça t’aidera aussi potentiellement, si tu te retrouves dans un cas de figure similaire. A travers cette article j’avais vraiment envie de partager avec toi la vie d’une décoratrice et le fait que ce n’est pas toujours un long fleuve tranquille. On n’a pas que des projets qui se passent bien, on n’est pas toujours en pleine alchimie avec nos clients. Mais encore une fois, ce n’est pas parce que ça va t’arriver de temps en temps, qu’il faut tout remettre en question.
Répète-toi que tu es une chouette décoratrice. Garde en mémoire les beaux projets que tu as menés. Et puis si une mauvaise expérience survient, accueille-là, tourne la page et tires-en une leçon ou un enseignement.
Sois bienveillante avec toi -même. Si tu fais une erreur technique ou une erreur d’appréciation, et bien, c’est la vie. Ça arrive à toutes les décoratrices et ce n’est pas un drame. La preuve !
Si tu as des questions, tu peux me contacter, je serais ravie de t’y répondre.
Et si tu cherches un accompagnement et un suivi pour ton business et à être entourée d’autres décoratrices, j’organise des coachings business.